L’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) de BNP Paribas Rental Solutions revoit ses prévisions du 2e semestre 2022 et table désormais sur une fourchette de 45 000 à 48 000 immatriculations sur 2022 (soit une hausse de +2,2 à +8,8% par rapport à 2021), « avec, pour la fourchette basse, une plus forte proportion de tracteurs étant donné le trend actuel », à 25 000 unités. « Concernant la fourchette haute (à 48 000 unités), nous en réduisons le niveau global, eu égard au manque de visibilité qui marque actuellement le marché et aux aléas pouvant subvenir » explique Jean-Michel Mercier, Directeur de l’OVI, à l’occasion de la publication de ses prévisions sur le 2e semestre.
« La filière VI fait face à plusieurs problèmes dont le plus important est celui du choc de l’offre, avec une hausse des prix des matières premières, dont l’énergie, et de l’ensemble des intrants, qui génère tout à la fois une diminution des capacités d’offre de véhicules, d’où des délais de livraison en hausse, et au final des prix de ventes soumis à de nouvelles clauses de révision… » constate-t-il. Ce niveau de marché, constaté à mi-2022, s’explique par une situation inédite, plus liée aux difficultés à assurer les livraisons des véhicules commandés qu’à une faiblesse de la demande. Les délais de livraison des VI ont grimpé à 339 jours en décembre 2021 et atteignent 359 jours en juin 2022, soit, en moyenne, un an de délai entre la commande et la livraison !
La carrosserie a été fortement touchée par ces pénuries. Avec 8 084 unités, les immatriculations de porteurs ont reculé de 14% sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à 2021. Les bennes et BTP, avec 3 269 immatriculations (40% du marché VI carrossés), reculent de 11%. Cependant, les perspectives pour le BTP restent bien orientées, avec des carnets de commande assurant 9 mois d’activité. La franche reprise du marché des tracteurs a favorisé le marché des remorques et semi-remorques, ce dernier ne reculant que de seulement 1,6% par rapport à 2021 avec 10 332 immatriculations.
Le secteur doit aussi se préparer à la transition énergétique. Le bioGNV devient un enjeu majeur de la filière, au moment où les cours du GNV s’envolent. L’Europe s’est ainsi fixé de doubler sa production du biométhane dès cette année. Alors que les premiers poids lourds à hydrogène voient actuellement le jour en France et en Europe, ce sont des concepteurs de véhicules innovants, des acteurs du rétrofit et de nouveaux entrants internationaux, soutenus par des équipementiers, qui se positionnent aujourd’hui sur cette filière. Cette solution de moyen terme, ne se présente comme une solution opérationnelle en grande série qu’à l’horizon 2030. Reste en effet à régler de nombreuses questions d’ordre techniques, financières (le coût de l’énergie et des véhicules), organisationnelles (la création des réseaux) et énergétique (la production d’hydrogène vert).