L’Observatoire du Véhicule industriel de BNP Paribas Rental Solutions a publié les résultats sur le marché 2021 des véhicules industriels et ses perspectives pour 2022. Les immatriculations restent stables par rapport à 2020, alors que le marché des porteurs et des semi-remorques sont proches de leurs niveaux historiques. 2022 a un bon potentiel… mais reste sous contraintes des capacités de production.
« Nous connaissons en 2021 et 2022 une situation inédite », déclare en préambule de la présentation des résultats de l’Observatoire du Véhicule Industriel, Jean Michel Mercier, son Directeur. La reprise nette de l’économie française (+6% PIB en 2021) s’est confrontée à des tensions sur l’ensemble des chaînes de production de nombreux produits, « ce qui a engendré un déséquilibre de l’offre et des incertitudes en termes de délai de livraisons et de prix. Le marché du VI a été largement impacté par ces tensions accumulant un stock de commandes à un niveau historique. »
Après une forte embellie au 1er semestre, avec notamment un sommet à +69% en mai, le marché du VI a ensuite été freiné par le dérèglement des chaines de production, entrainant un retournement au second semestre. Le marché des porteurs reste satisfaisant, même si désormais une forte incertitude plane sur les délais de livraison à venir.
BTP et carrosserie
Dans le BTP, l’autre grand utilisateur de véhicules industriels avec le TRM, le contexte global est positif avec des carnets de commandes dans le TP à 8,8 mois, supérieurs à leur moyenne historique. L’entretien rénovation est également dynamique, mais les difficultés d’approvisionnement et le manque de main d’ouvre pénalisent cette reprise. Très demandeur de véhicules complexes, le BTP doit aujourd’hui composer avec des délais de livraison hors normes, qui touchent aussi le secteur de la carrosserie. Les véhicules spécifiques dédiés au BTP et les bennes, soit 40% des immatriculations des VI porteurs, sont restés stables à 7 803 immatriculations avec 1,1 % de hausse, ce qui fait de 2021 une année moyenne mais toujours vitale pour ce segment de marché. Les plateaux progressent de 4,3 % à 2 591 immatriculations, après un recul de 13 % en 2020. Ce marché est en progression depuis de nombreuses années et le résultat 2021 reste au-dessus de la moyenne historique annuelle, soit 2 303 véhicules.
Selon la FFC, les difficultés d’approvisionnement, cœur des enjeux pour les carrossiers constructeurs en 2021 le resteront en 2022. « Les tensions sur les approvisionnements sont inédites pour le secteur par leur conjonction, leur ampleur, leur caractère imprévisible et leurs effets sur le long terme, constate ainsi la FFC constructeurs. C’est toute la supply chain de la carrosserie construction qui est impactée par cette situation avec un corollaire évident : le surenchérissement inexorable et durable des tarifs des véhicules. » Et ce d’autant que la transition énergétique accélère aussi un renouvellement des parcs. Dans ce contexte, difficile d’avoir une vision claire du potentiel réel du marché intégrant les immatriculations, stocks de véhicules en cours de construction et commandes en cours.
Le marché de la semi-remorque, avec un peu moins de 22000 unités à fin novembre, a quant à lui, retrouvé son niveau de 2020, avec des segments qui progressent tels le dry fret (PLSC, fourgons, bâchées) (+4%), ainsi que les bennes (+2%).
Distribution VI
Les distributeurs sont aujourd’hui au coeur de la tempête avec des délais de livraisons records, qui atteignent près d’une année à 339 jours ! Un phénomène qui se conjugue avec une tension sur les prix, compte-tenu des hausses cumulatives de coûts sur toute la chaine de production. Fin 2021, les carnets de commande restent en hausse avec 62% pour les commandes de tracteurs et 23% pour les porteurs. En plus du rattrapage dû à la crise du Covid-19, les problèmes de pénuries de matières premières ont fait gonfler ces carnets de commandes par des retards importants dans les livraisons. Selon les experts de l’OVI, les investissements consacrés au développement du parc VI s’établissent à 22% alors qu’ils stagnaient à 15% depuis plusieurs années.
Prévisions 2022
Dans ce contexte de reprise économique globale, mais avec des chaines de production sous tension et encore de grandes incertitudes sur l’évolution de la situation sanitaire, le potentiel est là … reste encore à le transformer !
Les marchés du BTP et du TRM sont sur une phase ascendante, avec une progression de leurs activités, et ce malgré la hausse des coûts et des difficultés de recrutement. Mais aujourd’hui, la situation est totalement inédite, dans la mesure où le stock de commandes d’origine 2021 et probablement pour partie de 2020 serait équivalent à une année de livraisons !
« Dans ce contexte et sans intégrer les impacts d’une situation sanitaire imprévisible, nous envisageons une fourchette de prévisions dont le point bas serait équivalent aux chiffres constatés en 2021 (environ 45 000 immatriculations) et dont le point haut pourrait atteindre la barre historique des 50 000 immatriculations : 2022 sera un exercice particulier déjà très largement engagé en termes de stocks de commandes, donc d’immatriculations à venir, mais sous contrainte de capacité de livraison (2023 pour certaines ?) » estime donc l’OVI.