Avec plus de 41600 immatriculations, le marché du véhicule industriel a « limité la casse » en 2020, avec une baisse de 25% comparé à 2019. Les porteurs ont soutenu le secteur, comme le constate l’OVI (l’Observatoire du Véhicule industriel-BNP Paribas Rental Solutions) dans son étude annuelle, et le marché de la carrosserie a bien résisté aux turbulences de cette année bouleversée par la crise sanitaire.
Pour Jean-Michel Mercier, Directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI BNP Paribas Rental Solutions), en 2020, « le pire a été évité ! ». L’année était prévue en retrait pour les secteurs du Véhicule industriel et du transport routier car le marché avait atteint un haut niveau de cycle. La baisse a cependant été amplifiée par la crise sanitaire, avec une chute massive du PIB. Les mesures de soutien gouvernementales ont amorti le gros du choc et les immatriculations dépassent les 41000 unités sur les douze derniers mois. « Les filières du VI et du TRM auront montré leur forte résilience et leurs capacités d’adaptation et de réponse à la crise », souligne Jean-Michel Mercier.
Pour la première fois depuis 2009, les porteurs, avec plus de 19 000 immatriculations (sur les 11 derniers mois) dépassent celles des tracteurs, plus sensibles aux variations de l’économie. Avec une baisse de « seulement » 14,6%, les porteurs ont bien résisté, en lien aussi avec le marché de la carrosserie. « Deux points clés sont à noter, relève Jean-Michel Mercier. Tout d’abord le niveau élevé des commandes fin 2019/début 2020 et la résilience des carrossiers-constructeurs qui ont réussi à finaliser les livraisons et à en reprendre de nouvelles au printemps. Les bennes et BTP s’en sortent beaucoup mieux (que les fourgons ou frigorifiques, NDLR), avec un recul limité de 10,1% et avec 7 721 unités, le BTP ayant maintenu un niveau d’activité correct tout au long de la pandémie. Il s’agira de la troisième meilleure année depuis la crise de 2008, dans ce domaine. »
Les tracteurs ont beaucoup plus souffert, avec une baisse sur onze mois de 33% à 18826 immatriculations. Des chiffres plombés surtout par le 1er semestre, marqué par une chute de 48% entre mars et mai !
Le marché des remorques et des semi-remorques quant à lui est en recul de 20% à 21428 unités, un résultat proche de 2017 (et donc dans les 3-4 bonnes années après 2008). Là aussi de fortes disparités ont marqué l’année : les rideaux et PLSC, très liés au transport international, chutent de 36,5%, alors que les bennes limitent la baisse à -21,5% (après une année 2019 très haute) et réalisent l’une de leurs 3 meilleures années depuis 2008.
2021 : des interrogations
2021 démarre avec de nombreuses interrogations, du moins tant que la situation sanitaire n’est pas clairement résolue. Un rebond fort est attendu, mais des craintes apparaissent concernant les séquelles de ce choc récessif de 2020. « Il est clair que 2021 recèle des possibilités de rebonds importantes, en ligne avec le consensus sur la croissance du PIB, mais des enjeux structurels se présentent aussi dorénavant avec, de surcroit, la nécessité de mettre en place une transition plus rapide vers une mobilité plus verte. Nous anticipons une « croissance » du marché des véhicules industriels en 2021 de +1%, avec notamment une reprise du marché des tracteurs et un potentiel de reprise plus important, totalement dépendant de la maîtrise future de la situation sanitaire » déclare Jean-Michel Mercier. 2021 devrait donc voir le marché se stabiliser au niveau de 2020. Un niveau de reprise plus élevé parait possible, vers un niveau plus proche des 45 000 unités. Cette reprise sensible pourrait s’appuyer sur des achats des grandes flottes notamment en tracteurs et un rebond des commandes, en fonction de l’évolution de la crise sanitaire. L’OVI estime donc le marché global en 2021 autour de 42000 unités, avec une légère reprise du marché tracteurs et une stabilisation de celui des porteurs.