Les principaux fabricants européens de grues mobiles tirent la sonnette d’alarme. Réunis au sein de l’Association allemande de la construction mécanique (VDMA), ils ont déposé une plainte officielle auprès de la Commission européenne contre l’afflux de grues en provenance de Chine, qu’ils jugent vendues à des prix de dumping.
Les entreprises à l’origine de cette démarche Liebherr, Manitowoc, Sennebogen et Tadano, représentent près de 99 % de la production européenne du secteur. Elles demandent à Bruxelles d’ouvrir une enquête antidumping pour mettre fin à des pratiques commerciales qu’elles estiment “manifestement déloyales”.
Des prix “qui ne couvrent pas les coûts de production”
Les fabricants européens affirment ne plus pouvoir rivaliser avec des produits chinois vendus à des prix inférieurs aux coûts de production européens, grâce à des subventions massives accordées par Pékin à ses industriels.
« Il est manifestement injuste de rivaliser avec des produits dont les conditions de vente ne couvrent même pas le coût des matières premières et de l’énergie », déplore Christoph Kleiner, directeur général des ventes chez Liebherr-Werk Ehingen.
Selon eux, cette situation menace directement l’avenir d’un secteur stratégique pour l’Europe, essentiel à la construction d’infrastructures énergétiques, de transport et de défense.
Un enjeu industriel et stratégique pour l’Europe
Les grues mobiles, capables de lever plus de 30 tonnes, sont indispensables à la transition énergétique, notamment pour la mise en place de nouvelles lignes électriques et postes de transformation, mais aussi à la construction de ponts, de routes et de voies ferrées.
Elles jouent également un rôle clé dans la logistique militaire et la sécurité civile.
« La Commission européenne doit agir rapidement pour garantir un environnement de production équitable et préserver l’emploi dans l’industrie européenne des grues », estime Noriaki Yashiro, PDG de Tadano Europe Holdings.
Vers une enquête antidumping ?
La plainte déposée pourrait conduire Bruxelles à lancer une enquête officielle sur les pratiques des fabricants chinois. Si les soupçons de dumping sont confirmés, des droits de douane compensatoires pourraient être imposés.
Pour Erich Sennebogen, directeur général de Sennebogen Maschinenfabrik, la menace est claire :
« Les producteurs chinois ciblent de plus en plus le marché européen. Sans mesures correctrices, le préjudice causé à notre industrie continuera de s’aggraver. »
