Marché des tracteurs et porteurs : un net ralentissement en 2025

Marché des tracteurs et porteurs : un net ralentissement en 2025

Le marché français des véhicules industriels connaît un sérieux coup de frein. Selon le troisième numéro du « Panorama de la filière VI/VUL », publié par MOBILIANS et la FFC CONSTRUCTEURS, les immatriculations de poids lourds ont reculé de près de 19 % au premier semestre, dans un contexte de ralentissement européen généralisé (–27,5 % en Allemagne, –13,6 % en Espagne, –13,3 % en Italie).

Les tracteurs routiers, moteur historique du transport longue distance, sont les plus touchés. Le segment accuse une baisse de 29 % sur six mois, reflet d’un attentisme des transporteurs qui repoussent leurs achats face à l’incertitude économique et réglementaire. À l’inverse, les porteurs moyens (3,5 à 16 tonnes) affichent une légère progression de +5,6 %, mais les ventes de modèles électriques y chutent de 21 %.

Des nouvelles énergies en hausse, mais encore marginales

Malgré un rebond symbolique, la transition énergétique reste à la traîne.
Sur la période 2023–2025, les tracteurs “nouvelles énergies” ne représentent que 2,7 % du parc, soit 1 253 immatriculations au premier semestre 2025. Parmi eux, seulement 350 véhicules électriques ont été mis en circulation depuis 2023. Le diesel reste ultra-dominant (93,6 % des immatriculations européennes).

Chez les porteurs, la part des nouvelles motorisations atteint 13 % sur la période, dominée par le biogazole (B100) et le gaz naturel. Les électriques n’en représentent qu’un tiers, avec un rythme d’environ 50 unités immatriculées par mois en 2025 — très loin des objectifs européens.

Un parc vieillissant et hétérogène

L’âge moyen du parc français continue d’augmenter. Tracteurs routiers : âge moyen stable à 5,7 ans, avec 85 % des véhicules de moins de 9 ans. Porteurs : âge moyen de 11,5 ans, dont 30 % ont plus de 15 ans.

Cette inertie pèse sur la décarbonation : 97,7 % du parc français reste diesel, contre 0,1 % électrique seulement. À l’échelle européenne, plus de la moitié du parc (55 %) a plus de 10 ans, selon l’ACEA.

Un secteur sous pression

Les industriels du secteur alertent sur une “crise du renouvellement”.
Le coût des véhicules électriques, l’insuffisance des infrastructures de recharge et l’instabilité réglementaire (ZFE, normes VECTO, CAFE) freinent les investissements.

Les tracteurs thermiques diesel, B100 et GNV, fiables et compétitifs, permettent de différer l’achat de véhicules zéro émission”, souligne le rapport.

Face à ces freins, les organisations professionnelles appellent à une feuille de route européenne claire et à la stabilisation des aides comme les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE).

En bref – Chiffres clés 2025

IndicateurTracteursPorteursTotal VI
Immatriculations 202425 48123 53249 013
Immatriculations S1 202511 14111 05122 192
Part nouvelles énergies11 %13 %12 %
Part électrique<1 %3 %2 %
Parc total France (2024)226 946397 992624 938
Âge moyen5,7 ans11,5 ans9,4 ans

La profession espère un redémarrage à partir de 2026, porté par la reprise de l’investissement et le déploiement d’aides à la transition énergétique. En attendant, le marché reste sous tension. “Les goulets d’étranglement seront inévitables, la capacité de production industrielle a ses contraintes. Ce constat plaide pour une accélération du renouvellement des parcs d’ici 2026”, conclut le rapport.

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