Plus de 16000 emplois, un chiffre d’affaire de 2,3 milliards d’euros, un milliard d’euros de valeur ajoutée : c’est que pèse aujourd’hui la filière hydrogène dans le paysage socio-économique français. Dans son étude réalisée par le cabinet BDO, France Hydrogène a souhaité établir un état des lieux complet et chiffré, reflétant une filière en pleine croissance… et dont le potentiel peut contribuer massivement à l’effort de réindustrialisation national.
D’ici 2035 en effet, ce potentiel permettrait d’atteindre un chiffre d’affaires de 32 milliards d’euros, contribuant pour 13 milliards dans le PIB et représentant la création de plus de 66 000 emplois (dont 23 000 emplois directs). La mobilité serait le principal moteur de cette croissance, avec 54% de la valeur ajoutée générée par les mobilités terrestre, ferroviaire, maritime et aérienne.
Cette filière stratégique contribuerait ainsi à hauteur de 36 milliards d’euros aux finances de l’Etat (impôts, taxes et cotisations sociales), avec donc un retour sur investissement significatif pour les finances publiques, dans le cadre d’un soutien à la filière de 9 milliards d’euros. Des effets positifs qui pourraient aussi, selon l’étude, se faire ressentir sur la balance commerciale de la France, réduisant le déficit de 7% (et ce sans compter la baisse des importations des hydrocarbures).
Un cap clair
Des perspectives dynamiques donc pour une filière émergente et où les industriels français sont particulièrement bien positionnés. Ces projections, « réalistes », nécessitent la réalisation de certaines conditions, notamment que l’Etat redonne un cap clair grâce à la stratégie nationale hydrogène révisée, qui devait d’ailleurs être communiquée ces jours ci.
« Le tissu économique de notre filière compte beaucoup de PME /PMI dont l’hydrogène est l’activité principale et qui ne pourront pas attendre indéfiniment, s’inquiète Philippe Boucly, Président de France Hydrogène. Il est nécessaire d’apporter un soutien, non pas seulement financier, mais aussi réglementaire afin de leur donner des perspectives de développement pérennes et mettre en place les conditions pour un approvisionnement compétitif. Nous prenons du retard, alors que nos voisins avancent. »
Revenant sur les difficultés que connaissent certaines entreprises, comme le fabricant de fourgons Hyvia, Philippe Boucly constate que « jusqu’ici, ce qui a été fait a été de soutenir la filière amont, sur la production, mais il faut aussi lui donner des débouchés. Par exemple, pour la mobilité, on estime qu’il faudrait un soutien aux premières commandes, sur les 10 000 à 20 000 premiers fourgons hydrogène, pour qu’ils rejoignent le prix des véhicules à batteries. »
« Développer des marchés pilotes pour nos industries clés, accélérer la transition vers une mobilité hydrogène et projeter la filière à l’international sont les conditions indispensables au maintien de la France dans le peloton de tête. L’heure est venue de saisir cette opportunité stratégique pour l’avenir de notre économie » conclut Philippe Boucly.